La famille, chose très nécessaire

Publié le par E.T

        J'ai eu la chance de séjourner deux semaines dans une famille mexicaine typique, composée d'une femme, de son mari, de leurs deux filles et de leur fils - sans oublier la chienne! J'ai donc pu vivre tout comme eux, les observer, les admirer, ce qui m'a donné envie d'écrire cet article sur la plus fondamentale des institutions dans un pays en proie à la corruption et à la pauvreté.

On peut noter que la mère est l'élément le plus important dans la famille car symboliquement, c'est elle qui donne la vie. Elle donne également la protection maternelle, l'amour, la nourriture... Il n'est donc pas étonnant de remarquer que le "puta madre" si populaire en Espagne est presque totalement banni des bouches mexicaines, et il suffit d'un simple "chinga tu madre" mal placé pour se faire battre jusqu à sang.
     
        Cette famille n'avait donc rien d'extraordinaire, le père, agent de maintenance, roule en coccinelle, voiture bon marché plus que courante au Mexique, étant donné sa faible consommation en "gazolina". La mère travaille pour l'agence familiale, et quant aux "enfants", Omar, 18 ans  et Karla, 21 ans, ont la chance - mais surtout le mérite - d'étudier à l'Université de médecine de Puebla. Là-bas, le budget dédié à l'éducation ne dépasse pas les 5% du PNB, et le taux d'analphabétisme est extrêmement élevé, à tel point qu’ à Mexico les stations de métro sont représentées sous la forme de petits dessins sur le plan de la ligne. J'ai eu l'occasion d'assister à quelques cours de la Preparatoria d'Atlixco, ce qui correspond plus ou moins au lycée français, et j'ai eu la preuve que pour arriver jusqu'à l'université, il faut s'accrocher: le cours commence, la moitié des filles sortent  leur trousse de maquillage, les mecs ont gardé leurs casquettes et leurs lunettes de soleil, le prof dit quelque chose, toute la classe rit, puis crie. Là-bas, les élèves peuvent arriver en retard comme ils peuvent s'en aller sans avoir de problèmes. Vous comprenez maintenant comme Omar et Karla ont du travailler pour arriver jusque-là. Ils ont été bien aidés par leurs parents, non pas au niveau du travail, car ils n'ont pas du tout reçu la même éducation, mais ils ont été poussés, encouragés à s'en sortir, à voyager. Omar a pu venir en France parce qu'il a appris la langue. Au niveau de l'éducation, la famille fait donc le travail pour deux quand le gouvernement préfère garder le peuple dans l'ignorance afin de mieux le manipuler.


     Bien entendu, tous les récits que je peux faire sur ma famille d'accueil ne sont absolument pas à considérer comme des cas généraux, mais tendent à prouver que sans unité familiale, il est impossible de se sortir de l'ignorance et de la pauvreté au Mexique, car il n'existe aucun soutien extérieur, que ce soit de l'Etat ou d'organismes privés. La corruption et la délinquance sont plus que fréquentes dans ce pays, et la famille est la seule base solide sur laquelle on puisse compter et s'appuyer.
  
     Au Mexique, les réunions de famille sont très courantes, à raison d'une ou deux fois par semaine, dans la maison d'un oncle. Alors, chaque ménage apporte un plat ou un gâteau, les grands parents, les tantes, les cousins, tout le monde se réunit pour passer la journée à parler et à s'amuser. Quant aux sorties en famille, elles sont également à l'honneur. Le week-end, le petit déjeuner se prend dans une "taqueria", une petite boutique de tacos de l'ami du père, ce qui revient à deux tables, trois chaises et deux plaques chauffantes, le tout à l'air libre dans une sorte de patio qui donne sur la rue. Là, le mari et sa femme préparent quesadillas et tacos, avec force piment dès le matin. Alors que la tradition du dîner en famille se perd de plus en plus dans notre pays, il est intéressant de se rendre compte que ma famille d'accueil prend absolument tous ses repas en étant réunie, depuis le petit déjeuner jusqu'au dîner, en passant par le repas le plus important, à 16 heures. On peux noter que mon correspondant, extrêmement discret et introverti en compagnie de ses amis, est complètement épanoui au sein de sa petite famille, et aime jouer et rigoler avec ses soeurs et ses parents.


     En conclusion, afin de mieux illustrer l'importance de la famille au Mexique et de bien montrer que mon expérience n'est pas seulement un cas particulier, je vais vous conter l'histoire de ce jeune homme que l'on a rencontré dans une tapisserie des environs de Mitla, dans la région d'Oaxaca. Ce jeune homme d'une vingtaine d'années maîtrise parfaitement sa machine à broder et la manie à une vitesse incroyable, ce qui lui permet de créer un tapis en quelques semaines de travail seulement. Depuis qu'il a 4 ans, il apprend à les confectionner, poussé par sa famille, à qui appartient la maison. Aujourd'hui, c'est sa passion, et lorsqu'il nous présente le premier tapis qu'il a dessiné et réalisé, ça donne: "Le cercle de quatre poissons encastrés, au milieu, c'est une famille, ils sont soudés. Au centre, c'est le trésor de la famille, la tradition. Et tout autour, les boules, ce sont les problèmes, qui ne pourront jamais atteindre le trésor tant que les poissons resteront liés...".


Publié dans MEXIQUE

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